dimanche 2 novembre 2008

INDIANA JONES AND THE KINGDOM OF THE CRYSTAL SKULL (2008)

Réalisé par Steven Spieldberg. Écrit par David Koepp d’après une histoire de Georges Lucas et Jeff Nathanson.
(Vu le 26 octobre 2008; format 150 mots)

Pour le retour attendu d’Indiana Jones, force est de constater qu’originalité et passion n’étaient pas au rendez-vous. Suivant exactement le synopsis de The Last Crusade (une personne fait des découvertes qui lui valent d’être kidnappée; Indy doit la retrouver à l’aide d’indices que lui seul comprend), on a cette fois remplacé les Nazis par les Communistes et le père par le fils. On a même ramené l’intrigue amoureuse du premier film et le contexte du second (un culte dans un temple éloigné.) Malheureusement, Shia Labeouf, outre pour racoler une jeune audience, n’a pas l’impact d’un Sean Connery et David Koepp (l’homme derrière Jurassic Park 2, l’autre disgrâce dans la filmographie de Spieldberg) n’est pas Lawrence Kasdan quand vient le temps d’écrire un scénario. Finalement, le sexagénaire Harrison Ford est en forme, mais ne sauve pas cette longue suite ennuyante de péripéties parsemée d’effets spéciaux moches et couronnée d’une finale exaspérante. 5,5/10

dimanche 19 octobre 2008

MARTYRS (2008)

Écrit et réalisé par Pascal Laugier.
(Vu le 17 octobre 2008; format 150 mots)

Une jeune fille, aidée par une amie d’enfance, assassine la famille qui l’a séquestrée, sans connaître les surprises que leur réserve la maison où a lieu le règlement de compte. Beaucoup d’encre a coulé à propos de ce film français tourné à Montréal et présenté au FNC puisque les censeurs voulaient le classifier 18 ans et plus, ce qui est uniquement réservé dans l’Hexagone aux films pornographiques. Effectivement, le degré d’horreur, réelle, psychologique ou surnaturelle, y est élevé, l’hémoglobine coule et les cris fusent. Toutefois, on est loin du film qui glorifie la violence en lui conférant une aura de cool, et y vouer un culte serait pour le moins dérangeant. Il s’agit en fait d’une véritable proposition artistique en huis clos qui, en allant au bout de sa proposition, s’essouffle un peu dans le troisième quart, mais qui n’en demeura pas moins une expérience cinématographique inoubliable pour public averti. 7,5/10

3 SAISONS (2008)

Réalisé par Jim Donovan. Écrit par Jim Donovan et Carinne Leduc.
(Vu le 11 octobre 2008; format 150 mots)

Présenté au FNC, cette œuvre personnelle de Jim Donovan, réalisée avec trois fois rien, s’inspire du scénario d’Amorres Perros (on suit deux couples, l’un de la rue et l’autre BCBG, tandis qu’une troisième figure solitaire rôde) en y ajoutant la thématique de la grossesse. Après un départ incertain où les limites budgétaires paraissent avec cette cinématographie digitalement morne et où le jeu stéréotypé de Shawn Beichoo dans le rôle du squegee punk violent agace, le développement des trois intrigues intéresse et le jeu des acteurs, rehaussé par la présence de Frank Schorpion, Dino Tavarone et Dan Bigras dans des rôles secondaires, surprend. Carinne Leduc, co-scénariste et nouvelle venue avec sa bouille à la Marie-Josée Croze, se révèle touchante, Romano Orzari nous réserve une puissante finale et même Caroline Néron y est drôle et naturelle. Malgré qu’elle soit inégale, il s’agit d’une œuvre faite avec coeur et passion, et cela paraît. 6/10

VICKY CHRISTINA BARCELONA (2008)

Écrit et réalisé par Woody Allen.
(Vu le 19 septembre 2008; format 150 mots.)

Deux Américaines diamétralement opposées en matière de relations amoureuses, l’une rationnelle (Rebecca Hall) et l’autre aventurière (Scarlett Johansson), sont en voyage à Barcelone lorsqu’elles rencontrent le peintre charmeur Juan Antonio (Javier Bardem.) Bien qu’il ait son style distinct, Woody Allen est connu pour parfois rendre hommage à ses idoles : Fellini (Stardust Memories), Bergman (Interiors), Dostoievski (Crimes and Misdemeanors)… Ici, il s’agit clairement d’une ode au Jules et Jim de Truffaut avec son triangle amoureux et cette narration d’une autre époque. Souvent, ses exercices de style font piètre figure dans sa filmographie, mais son dernier est une réussite, notamment grâce au jeu des acteurs. Alors qu’ils y sont tous bons, Penelope Cruz vole la vedette dans un rôle dangereusement séduisant qui pourrait bien lui valoir un Oscar. Finalement, des nombreux chassés-croisés amoureux du film, le véritable reste celui du titre, Allen capturant admirablement une Barcelone somptueuse, accompagnée d’une musique envoûtante. 7,5/10

dimanche 14 septembre 2008

LE BANQUET (2008)

Réalisé par Sébastien Rose. Écrit par Hubert-Yves Rose et Sébastien Rose.
(Vu le 8 septembre 2008; format 150 mots)

Après deux premiers films personnels sur la famille (Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause et La Vie avec mon père), Sébastien Rose nous revient cette fois avec une histoire à grand déploiement dans laquelle les multiples personnages s’entrecroisent. Se voulant en quelque sorte un Crash québécois sur le milieu de l’éducation, le réalisateur semble avoir mis la barre un peu haute par rapport à ce que son budget devait lui permettre, et la direction d’acteur paraît ainsi avoir été hâtée en cours de route. En effet, outre un Alexis Martin en forme dans la peau d’un enseignant, l’ensemble se révèle inégal. Tout de même parsemé de bons moments, on ne peut s’empêcher de trouver que la conjoncture des nombreux événements, malgré que la plupart ait dépassé la fiction dernièrement (grèves massives, fusillades dans les écoles), rende le tout trop chargé et frôle tantôt le stéréotype, tantôt l’exagération. 6/10

TOUT EST PARFAIT (2008)

Réalisé par Yves Christian Fournier. Écrit par Guillaume Vigneault et Yves Christian Fournier.
(Vu le 11 septembre 2008; format 150 mots)

Quatre adolescents forment un pacte de suicide, laissant leur entourage avec le lourd fardeau du deuil. Cette première œuvre de Yves Christian a le mérite de traiter d’un sujet tabou qui affecte de nombreux Québécois. De plus, le ton choisi de la réalisation sied bien à la thématique, la direction photo se révèle compétente et la trame sonore est bien choisie (Loco Locass, entre autres.) Malgré cela, cette histoire forte nous touche difficilement, en raison notamment de Maxime Dumontier qui, dans le désir de nous montrer un jeune réprimant ses émotions, les évacue également pour le spectateur. Les personnages adultes s’en tirent mieux (très bon Normand D’amour), mais les jeunes acteurs ne sont pas constants. Finalement, le film est trop long pour son propre bien, le montage aurait pu se passer des nombreux retours en arrière et les dialogues de Guillaume Vigneault auraient pu être épurés de certaines lourdeurs métaphoriques. 5,5/10

samedi 23 août 2008

THE DARK KNIGHT (2008)

Réalisé par Christopher Nolan. Écrit par Jonathan Nolan, Cristopher Nolan et David S. Goyer d’après les personnages de Bob Kane.
(Vu le 19 août 2008; format 150 mots)

Grâce à Christopher Nolan, la franchise Batman est bel et bien ressuscitée et, après un Batman Begins réussi, sans plus, c’est avec étonnement qu’on accueille la qualité de ce second volet. Sans être parfaits (trop de mouvements circulaires en première partie pendant certains dialogues cruciaux, montage à la continuité un peu brute, raccourci narratif pour conclure la fête de Bruce Wayne envahie par le Joker, monologue de fermeture racoleur), sa réalisation et le scénario coécrit avec son frère n’en demeurent pas moins mémorables, et représentent plus que l’étiquette, film de super héros, que l’on pourrait accoler à cette saga du crime aux nombreuses réflexions sociologiques concernant le chaos sous la surface et la mince couche qui sépare le héros de son ennemi. Parsemée de performances d’acteurs adéquates, Heath Ledger vole la vedette avec son Joker psychopathe dans une performance électrisante et perturbante de vérité, qui mériterait amplement un Oscar posthume. 9/10

mercredi 6 août 2008

UN ÉTÉ SANS POINT NI COUP SÛR (2008)

Réalisé par Francis Leclerc. Écrit par Marc Robitaille.
(Vu le 5 août 2008; format 150 mots)

Été 1969, les Expos naissent et la fièvre du baseball s’emparant de Montréal n’échappe pas au jeune Martin qui, rejeté par la seule équipe du comté, formera avec ses amis une équipe B sous la tutelle de son père (Patrice Robitaille). Allant dans un tout autre registre, Francis Leclerc (Mémoires affectives) prouve ici qu’il est un réalisateur versatile. Affichant de nombreuses qualités au tableau de pointage (bonne direction d’acteurs outre peut-être Jacynthe Laguë; personnages attachants : Pier-Luc Funk dans le rôle principal ou Crevette, vedette d’un court-métrage en lever de rideau; narration avec quelques bons morceaux de philosophie adolescente; et moments d’émotions réussis que l’on retrouve rarement dans le genre), l’œuvre manque toutefois de dynamisme, notamment en raison de ces nombreux pauses avec pellicule d’époque et reprises inégales de succès du moment qui découpent le film en saynètes, et frôle le classicisme un peu rigide ainsi que l’exploitation de la nostalgie. 6,5/10

STREET KINGS (2008)

Réalisé par David Ayer. Écrit par James Ellroy, Kurt Wimmer et Jamie Moss.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 4 août 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Tom Ludlow est un policier fier-à-bras dans l’eau chaude en raison de ses tactiques, lesquelles sont dénoncées par son ancien coéquipier. Lorsqu’il désire venger l’assassinat de ce dernier, il s’apercevra rapidement que les apparences sont souvent trompeuses. Mise à jour d’un scénario de James Ellroy qui se passait dans un Los Angeles d’époque, un peu à l’image de son L.A. Confidential, cette réalisation de David Ayer (qui a déjà adapté un autre Ellroy avec Dark Blue) est, somme toute, dynamique. Le problème majeur est que, dans cette nouvelle mouture de l’histoire, on connaît l’issue finale dès le début. De plus, Keanu Reeves, qui n’est pas Russell Crowe quand vient le temps de jouer les brutes niaises manipulées, affiche son air hébété habituel. Néanmoins, il subsiste assez de l’écriture noire d’Ellroy et de sa capacité à nous faire pénétrer dans son univers corrompu pour que le film soit un divertissement adéquat. 6/10

CIDADE DOS HOMENS (City of Men) (2007)

Réalisé par Paulo Morelli. Écrit par Elena Soarez et Paulo Morelli.
(Vu le 4 août 2008; format 150 mots)

Produit par Fernando Mireilles et ayant un titre similaire, ce nouveau drame mettant en scène des jeunes des favelas brésiliennes ne pourra pas éviter les comparaisons avec Cidade de Deus, film exceptionnel ayant conquis la critique et ayant eu un succès international. En fait, il s’agit ici de la suite logique d’une télé-série populaire au Brésil existant depuis 2002, laquelle était un peu une source d’inspiration pour le premier film. Toujours est-il que cette nouvelle production qui offre une cinématographie similaire, tout en demeurant intéressante grâce à sa morale sur les erreurs de nos pères que l’on peut réparer et en ouvrant le thème des gangs de rue sur des sujets tels que la paternité, n’arrive jamais à combler les attentes créées par son prédécesseur. Ainsi, des dialogues un peu forcés, des performances d’acteurs moins naturelles et un scénario aux accents mélodramatiques agaçants en font une œuvre pour les initiés. 6/10

mardi 5 août 2008

THE ONION MOVIE (2008)

Réalisé par James Kleiner (Tom Kuntz et Mike Maguire). Écrit par Todd Hanson et Robert D. Siegel.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 1er août 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Filmée il y a un bon moment, comme en témoigne la présence de Rodney Dangerfield, mort en 2004, cette comédie satirique était restée sur les tablettes avant de nous parvenir sur DVD. Cette sortie est compréhensible, car ce n’est pas mauvais au point de cacher l’œuvre ou même d’utiliser un surnom comme l’on fait les deux réalisateurs, mais on comprend les producteurs d’avoir été frileux à l’idée de risquer une sortie théâtrale. En effet, en n’ayant pas de protagonistes principaux, cette longue suite de sketchs se présentant sous la forme d’un bulletin de nouvelles devient rapidement lassante. Certaines idées sont bien trouvées, mais l’exécution est souvent maladroite. De plus, la majorité des blagues irrévérencieuses commentent la dégénérescence des médias et leurs tactiques racoleuses, mais utilisent ce même manque de subtilité et incarnent ce qu’elles dénoncent... Seule la scène où Steven « Cock Puncher » Seagal rit de lui-même est à voir. 4/10

WALL-E (2008)

Réalisé par Andrew Stanton. Écrit par Jim Reardon, Pete Docter et Andrew Stanton.
(Vu le 20 juillet 2008; format 150 mots)

700 ans après que les humains aient quitté la Terre, le petit robot WALL-E poursuit sans relâche sa tâche, compacter les déchets, jusqu’au jour où il rencontre EVE, un robot ayant comme mission de vérifier si notre planète polluée est redevenue habitable. Décidemment, Pixar ne montre toujours pas de signe d’essoufflement. Ce neuvième long métrage maintient leur niveau d’excellence et compte parmi leurs plus belles productions. En effet, cette deuxième réalisation d’Andrew Stanton (Finding Nemo) est une véritable réussite sur le plan visuel, non seulement en raison de la qualité des animations, mais aussi grâce à ce défi, relevé, de raconter presque tout avec l’image, avec le strict minimum de dialogues, un peu à l’image des classiques de Chaplin et Keaton. Finalement, cette histoire charmante, poétique, romantique, parfois magistrale, comporte également une morale sur la régression de l’être humain et les dangers de maltraiter notre environnement qui est la bienvenue. 8/10

mardi 22 juillet 2008

Un Mois de juillet fantastique grâce à Fantasia!

(Commande du journal Bang Bang; compte rendu du festival Fantasia 2008; format 750 mots; publié dans le Bang Bang Vol.3 no.8 le 7 août 2008)

Pour la douzième fois, le meilleur festival de films de Montréal battait son plein à l’Université Concordia et c’est avec grand plaisir qu’on a tenté de voir le plus de films possibles. Tâche frustrante s’il en est une puisqu’il est humainement impossible de tout voir, le compte rendu suivant ne se base que sur le quart de la centaine des films présentés.

Tout d’abord, la qualité des films en langue espagnole était impressionnante cette année. [REC] de Jaume Balaguero et Paco Plaza, présenté dans le cadre de la série « Playback in Black » (films utilisant la caméra à la première personne) offrait un suspense et une horreur grandement plus efficace que les derniers prétendants (Cloverfield…) de ce genre qui est revenu dernièrement à la mode. À ne pas manquer quand ça va atterrir sur nos tablettes québécoises. Aussi, La Antenna, film argentin de Esteban Sapir, qui se voulait un hommage à l’expressionnisme allemand, était une réussite tant sur la forme que sur le fond. Troisième sur la liste, Los Cronocrimenes de Nacho Vigalondo était un divertissement très satisfaisant avec ses nombreux paradoxes temporels et le montage intelligent qui les accompagnait.

Également, dans les grandes réussites, un petit bijou suédois nous était offert : Let den ratte komma in de Tomas Alfredson. Histoire d’amour entre un adolescent de douze ans, intimidé à l’école, et sa nouvelle voisine de son âge qui se révèle être un vampire, le film évite tout sentimentalisme inutile, sans avoir peur des codes traditionnels du genre et les effusions de sang, et propose une cinématographie enneigée envoûtante et une maîtrise exceptionnelle. À voir absolument.

Une des grandes surprises du festival est sûrement Red de Trygve Allister Diesen et Lucky McGee. Basée sur un roman de Jack Ketchum, cette histoire d’un homme cherchant justice pour son chien abattu par des voyous et traitant notamment de la déresponsabilisation parentale est parsemée de performances d’acteurs incroyables (l’excellent Brian Cox) et a malheureusement été peu vue (une seule présentation peu achalandée.)

Aussi, les fans du productif Johnny To étaient servis cette année avec trois de ses films, dont Man jeuk, charmante comédie romantique à l’imagerie poétique influencée par la Nouvelle Vague française. De plus, Sun taam, plus dans ses cordes néo-noir habituelles, possède un scénario intrigant et un personnage central, interprété par Ching Wan Lau, mémorable dans sa douce folie.

Fantasia est également l’occasion pour voir des films tels que The End de Jeremy Thomas. Film albertin au budget inexistant qui est loin d’être sûr d’avoir un avenir en dehors du circuit des festivals, il cache derrière son look amateur rébarbatif un scénario intelligent sur la paranoïa qui réussit à captiver au fur et à mesure que l’histoire avance.

De nombreux films présentés, sans être exceptionnels, demeuraient des divertissements de qualité et Fantasia est l’endroit idéal pour les vivre au maximum, car la foule qui s’entasse dans les salles à guichets fermés crie aux bons moments, applaudit les actes de bravoure ou les têtes arrachées, et rit pour un rien. Parmi ceux-ci, Stuck de Stuart Gordon mérite d’être souligné. Alliant savamment suspense et humour noir, ce tourbillon de violence basé sur un fait vécu dans lequel s’engage le personnage de Mena Suvari après avoir frappé un itinérant avec sa voiture en dit long sur ce que quelqu’un peut faire pour ne pas faire face à ses responsabilités. Également, Jack Brooks : Monster Slayer de Jon Knautz, comédie d’horreur avec un nouveau héros made in Canada et un Robert Englund en forme se prêtant habilement aux gags physiques, a ses bons moments, tout comme All the Boys Love Mandy Lane de Jonathan Levine, slasher américain un peu convenu qui offre une cinématographie estampillée 1970 intéressante. Finalement, Suwito rein : Shinigami no seido livre une variante intéressante sur le personnage de la Mort et une puissante finale.

Bien entendu, certains films nous ont laissé de marbre (From Inside et Peur(s) du noir, deux films d’animation à l’imagerie intéressante, mais ne réussissant pas à avoir une histoire gardant l’attention; Ri-teon et Uri dongne, deux thrillers coréens aux prises avec des scénarios tortueux et manipulateurs), d’autres ont déçu (The Objective de Daniel Myrick, rendez-vous manqué avec le surnaturel) et certains étaient carrément mauvais (le confus Long Khong 2), mais on ne s’ennuie jamais à Fantasia.

Et un festival réussissant à être aussi éclectique et amusant, tout en présentant la perle occasionnelle et nous faisant regretter de manquer de nombreuses présentations parce qu’on a aussi une vie, mérite toute notre admiration. À l’an prochain!

jeudi 10 juillet 2008

LAT DEN RATTE KOMMA IN (Let the Right One in) (2008)

Réalisé par Tomas Alfredson. Écrit par John Ajvide Lindqvist.
(Vu le 8 juillet dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Un jeune de 12 ans, rejeté par les autres et intimidé à l’école, rencontre une jeune fille de son âge dont il devient amoureux. Celle-ci s’avère être un vampire.

Cette petite perle suédoise, même si une seule semaine du festival est terminée, risque fort de se retrouver parmi les préférés, ou, du moins, assurément parmi les plus beaux films présentés.

Dans une cinématographie enneigée et féerique, appuyée par une musique envoûtante, Tomas Alfredson nous convie à une histoire beaucoup plus riche que pourrait l’être le film typique de vampire.

Tourné comme si tous les événements n’avaient rien de plus réalistes et banals, tout en respectant les conventions entourant les vampires, de nombreuses thématiques sont explorées, comme celles de l’amitié, de l’intimidation, des troubles familiaux, de la recherche d’une identité et de la découverte de l’amour.

Alors qu’une romance entre humain et vampire aurait pu être terriblement ennuyante ou à l’eau de rose, la rencontre de l’âme sœur est faite ici avec beaucoup de savoir-faire et de doigté, sans compter que les jeunes acteurs sont extrêmement bien dirigés.

Et le fait que l’on n’évite pas les effusions de sang devrait aussi réussir à convaincre les amateurs du genre qui auraient pu être sceptiques face à l'union proposée.

Finalement, la dernière scène nous éclaire sur les réelles motivations de la jeune fille, nous permettant de comprendre certains événements antérieurs et bouclant la boucle adéquatement, avec un petit sentiment d’éternité qui nous donne le goût de déjà revisiter l’œuvre. 8/10

SUN TAAM (Mad Detective) (2007)

Réalisé par Johnny To et Ka-Fai Wai. Écrit par Kin Yee-Au et Ka-Fai Wai.
(Vu le 8 juillet dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Un détective réellement cinglé, congédié après avoir offert son oreille découpée à son patron, voit les personnalités que chacun cache en son for intérieur. Un nouvel enquêteur, qui admire les résultats de ses méthodes, le sort de sa retraite afin qu’il l’aide à élucider le mystère entourant la disparition d’un policier et les vols commis avec l’arme de ce dernier.

Décidemment, les fans de Johnny To sont servis cette année à Fantasia avec trois de ses films à l’affiche!

Optant pour une cinématographie plus brute et urbaine, Mad Detective n’affiche pas la poésie visuelle très chorégraphiée que l’on a pu voir notamment dans Exiled ou cette année dans Sparrow, et ce, malgré que ce soit encore Siu-keung Cheng à la direction photo, mais ce film n’en demeure pas moins captivant, sinon plus, grâce à son scénario (lequel a d’ailleurs remporté un Asian Film Awards.)

Co-écrit par Ka-Fai Wai, co-réalisateur fréquent de To, il nous propose une intrigue plutôt simple, mais dont on regarde avec fascination le déploiement et la conclusion, principalement en raison de l’originalité du personnage principal et de sa capacité à voir plus loin à travers sa folie (surtout lorsque ton suspect numéro un affiche sept personnalités au compteur.)

Interprété avec brio par Ching Wan Lau, le personnage reste toujours attachant malgré sa folie. Cela donne d'ailleurs plusieurs situations cocasses, comme lorsqu'il converse avec sa femme qui l’a quitté, laquelle n’est pas du tout à ses côtés (imaginez les meilleures scènes de Et si c'était vrai de Marc Levy, sans le côté ringard.)

Peut-être que la finale dans la salle aux miroirs a un air de déjà-vu, mais en ajoutant les diverses personnalités circulant dans les miroirs brisés, on ajoute ainsi de la dimension à une scène classique.

En somme, il s’agit d’une autre réussite pour To et ses collaborateurs, et c’est à ne pas manquer pour tous les amateurs de films policiers. 7,5/10

mardi 8 juillet 2008

MAN JEUK (Sparrow) (2008)

Réalisé par Johnny To. Écrit par Kin Chung Chan et Chi Keung Fung.
(Vu le 7 juillet 2008 dans le cadre du festival Fantasia; format libre)

Une bande de quatre pickpockets (profession surnommée « sparrow » à Hong Kong) voient leur quotidien chamboulé lorsqu’une mystérieuse jeune femme les séduit un à un.

Surtout connu pour ses films de gangster à tendance néo-noir, le productif Johnny To (une cinquantaine de réalisations depuis 1980, dont une quinzaine dans les 5 dernières années) les alterne parfois avec une comédie romantique, ce qui est le cas ici. Entre divers projets, il a pris trois ans pour la compléter, ce qui n’est pas apparent à l’écoute, et ceux qui l’ont attendue tout ce temps ne seront pas déçus.

Inspiré par la Nouvelle Vague française, il nous offre une finale à La Parapluie de Cherbourg, une légèreté à la Baisers Volés et une ouverture ainsi qu'une thématique qui ne sont pas sans rappeler le Pickpocket de Bresson.

Tel que ce dernier, To opte pour des dialogues minimaux. Toutefois, il ne s’ancre pas du tout dans le réalisme, mais bien dans sa poésie visuelle, souvent chorégraphiée au ralenti, que l’on a déjà pu apprécier dans ses œuvres antécédentes. Et, heureusement pour nous, il s’entoure de réels comédiens, dont le charismatique Simon Yam. (To poursuivra d’ailleurs son exploration du cinéma français, car il tourne en ce moment un remake du Cercle Rouge de Melville.)

La musique, à l’image de ce film léger, est également intéressante. À mi-chemin entre la bande sonore d’un Ocean’s Eleven, d’un western spaghetti et d’une romance parisienne des années 1960, elle devient pratiquement un personnage, comblant efficacement les nombreux moments sans dialogues.

Charmant, parfois drôle, mais résolument mineur, son dernier opus, nommé pour l’Ours d’or à la dernière Berlinade, prouve à quel point Johnny To est un réalisateur versatile. 6,5/10

dimanche 6 juillet 2008

JACK BROOKS: MONSTER SLAYER (2007)

Réalisé par Jon Knautz. Ècrit par John Ainslie, Jon Kanutz, Patrick White et Trevor Matthews.
(Vu le 5 juillet dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Jack Brooks est un jeune plombier au tempérament colérique dont les parents ont été assassinés devant ses yeux par un démon alors qu’il était enfant. Entre ses cours du soir, sa copine insupportable et ses séances de thérapie, il découvrira un moyen pour canaliser positivement sa colère : la destruction des monstres de ce monde.

Premier long métrage de la compagnie de production canadienne Brookstreet, il s’agit d’une première incursion compétente dans la comédie d’horreur et celle-ci mérite amplement une sortie théâtrale digne de ce nom.

Elle ne réussira probablement pas à sortir de son créneau et à atteindre d’autres gens que son public cible, les adolescents et ceux qui le restent dans leur cœur, mais tout y est pour ceux-ci : un jeune antihéros avec une occupation lui permettant d’avoir des armes loufoques, des scènes de massacre dans un établissement scolaire, des effets spéciaux vieille école à la limite du ridicule et Robert Englund, monsieur Freddy Krueger en personne.

Ce dernier, en demeurant toujours un acteur jouant en surface, rehausse l’ensemble par sa présence et offre un professeur de chimie plausible. Également, il se prête aux nombreux gags physiques avec habileté et un sens de la comédie qu’il n’a pas toujours eu la chance d’exploiter.

De plus, les dialogues sont souvent amusants, surtout dans les séances de thérapie ou dans la narration minimale; la réalisation de Jon Knautz est rythmée et adéquate; et David Fox offre un vieux préposé de quincaillerie très drôle.

Toutefois, certains aspects de la production pourraient décevoir ceux qui s’attendent à de nombreux frissons et à beaucoup de sang et autres liquides : la portion comédie l’emporte pendant longtemps sur l’horreur et on doit attendre le dernier quart avant que le titre ne prenne son sens; Trevor Matthews (également producteur et scénariste), correct pour un premier rôle principal, nous livre un Jack Brooks un peu unidimensionnel, avec la colère comme émotion principale; et certaines créatures auraient davantage leur place dans Ghostbusters, tel que ce Jabba the Hutt tentaculaire, que dans un récit d'épouvante.

Mais tout ceci ne devrait pas gâcher votre plaisir d’assister à la naissance d’un nouvel héros made in canada si vous avez juré fidélité aux films d’horreur circa 1980 à la Evil Dead. 6/10

LOS CRONOCRIMENES (Timecrimes) (2007)

Écrit et réalisé par Nacho Vigalondo.
(Vu le 5 juillet 2008 dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Hector vient d’emménager dans une nouvelle maison avec sa femme lorsqu’il aperçoit dans le boisée derrière chez lui une jeune femme à la plastique exceptionnelle se dénuder. Voulant voir les choses de plus près, il se fait attaquer par un homme mystérieux au visage couvert de bandages et, suite à un enchaînement de circonstances, il se réfugie dans un appareil se révélant être une machine à voyage dans le temps. Revenu une heure plus tôt, il découvre qu’il est lui-même l’homme l’ayant attaqué et qu’il doit tout faire pour permettre à son lui premier de retourner dans la machine. Ce premier paradoxe en cache d’autres et Hector n’est pas au bout de ses peines.

Nacho Vigalondo, qui a été nommé aux Oscars pour son court-métrage 7 :35 de la manana (2003), nous offre un premier long métrage intrigant qui prouve que le voyage dans le temps peut être traité de façon réaliste et anodine, sans une tonne d’effets spéciaux et des situations rocambolesques à outrance.

La force première de l’œuvre réside dans le montage. En effet, dès que Hector commence à se dédoubler, le montage se met à recouper des nombreux événements antérieurs, ce qui implique davantage le spectateur dans le déroulement (technique qui rappelle un peu celle utilisée par Philippe Falardeau dans l’excellent Congorama.)
Et plus l’histoire se complexifie, plus son intérêt s’intensifie, avec cette tension grandissante nous laissant avec le sentiment que tout cela se dirige de plus en plus vers une catastrophe.
Toutefois, n’espérez pas y voir plus clair dans le concept du voyage temporel, de nombreuses questions demeurant en suspens.

Le principal bémol pourrait être le personnage principal, un bourgeois naif, avec une tendance pour le voyeurisme, dont la maladresse entraîne la plupart des événements déplorables. En tant que spectateur, il devient parfois difficile de s’intéresser à son sort alors qu’il semble responsable de ses malheurs (même s’il ne désirait en aucun cas participer à un voyage dans le temps.)

En somme, sans être exceptionnel, il s’agit d’un divertissement très satisfaisant pour lequel on souhaite que le remake américain déjà en préparation évite la médiocrité habituelle de ce genre d’exercice et qu’il réussisse à conserver l’humour et le sens du rythme de la production originale (dans ce sens, la rumeur voulant que Cronenberg soit intéressé par le projet ne peut que nous réjouir.) 7/10

samedi 5 juillet 2008

[REC] (2007)

Réalisé par Jaume Balaguero et Paco Plaza. Écrit par Luis Berdejo, Jaume Balaguero et Paco Plaza.
(Vu le 4 juillet 2008 dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Décidemment, suite à Cloverfield et Diary of the Dead, cela aura été l’année du film d’horreur filmé à la première personne et simulant la vidéo amateur.

Tout de même, malgré que ce soit le troisième du genre à nous parvenir, ce film espagnol qui a été présenté à la Mostra et qui a remporté de nombreux prix dans les festivals européens l’emporte haut la main.

Tout d’abord, la prémisse voulant que quelqu’un décide de tenir la caméra durant tous ces événements horrifiques est ici plus plausible : l’on suit une petite équipe de tournage travaillant sur une émission intitulée « Ce qui se passe pendant que vous dormez » et qui, ce soir-là, suit des pompiers, lesquels seront appelés dans un bloc appartement pour défoncer la porte de la résidence d’une vieille dame ne cessant de crier.
En sachant la volonté des petits médias à obtenir le scoop du siècle pour se faire un nom, il n’est donc pas surprenant ici qu’ils choisissent de tout filmer.

Ensuite, la journaliste, interprétée par Manuela Velasco, qui a d’ailleurs remporté la meilleure nouvelle actrice aux prix Goya, est extrêmement charmante et pleine de fraîcheur malgré le côté opportuniste du personnage et le fait que la situation la rende de plus en plus hystérique.

Également, l’horreur demeure dans le domaine du plausible (encore une histoire d’infection inexpliquée) et ne freine pas notre terreur avec des effets CGI déshumanisés, sans compter que l’on n’ait pas à souffrir les lourds commentaires sociaux qui parsemaient le dernier Romero.

Finalement, outre quelques peurs faciles qui semblent être un peu trop orchestrées de façon traditionnelle et cette fin qui respecte le moule, ce film réussit vraiment à être haletant et épeurant, sans avoir peur de nous faire également rire au passage, et mérite d’être vu absolument. 8/10

vendredi 4 juillet 2008

LA ANTENA (2007)

Écrit et réalisé par Esteban Sapir.
(Vu le 4 juillet 2008 dans le cadre du Festival Fantasia; format libre)

Dans une métropole froide, simultanément futuriste et rétro, les gens n’ont plus le don de la parole, sauf une femme à la voix sensuelle utilisée par la chaîne de télévision. Monsieur TV, à la base de ce silence imposé, est toujours aussi assoiffé de contrôle et prépare un nouveau plan diabolique. Seuls un réparateur anonyme de télévision et sa famille pourront le déjouer.

Hommage à l’expressionnisme allemand, particulièrement au Metropolis de Fritz Lang, mais aussi aux premiers balbutiements du cinéma (comme en fait foi ce visage lunaire à la Méliès), ce second long métrage de l'Argentin Esteban Sapir est un véritable festin visuel se pliant, pour notre plus grand plaisir, aux règles d’un cinéma révolu, celui des années 1920.

Poussant même le zèle jusqu’à avoir un bruit de projecteur en fond sonore, quelques paroles, certaines idées puisées dans la bande dessinée et dans le vidéoclip et le fait que les intertitres sont placés directement sur l’écran, aux côtés des personnages, sont les seuls éléments pouvant rappeler que ce film a bel et bien été tourné au 21e siècle.

Empreint également d’un surréalisme intéressant et d’un symbolisme efficace, il s’agit d’une allégorie directe aux monopoles médiatiques (« Ils nous ont enlevé la parole, mais ils ne nous ont pas enlevé nos mots »), mais peut-être aussi peut-on y voir une relation avec la censure subie sous les nombreux régimes dictatoriaux sud-américains.

Ceci étant dit, quelques motivations imprécises au départ ainsi que certains événements pour lesquels nous devons attendre longtemps avant d’en connaître la signification nous remémorent qu’il n’est pas toujours chose aisée de suivre les Maîtres et de raconter tout d’un point de vue visuel.

Au final, malgré que ce soit une véritable réussite, tant sur le fond que sur la forme, cette production ayant remporté la meilleure réalisation aux prix Clarin, tenus à Buenos Aires, est délibérément marginale et s’adresse plus particulièrement aux cinéphiles.

En effet, elle aura probablement de la difficulté à sortir du circuit des festivals et à rejoindre le grand public, en raison notamment de son scénario d’une autre époque.

Peut-être que, si le nom de Tim Burton était associé à l’entreprise, il en serait autrement… 7,5/10

jeudi 3 juillet 2008

L'ÂGE DES TÉNÈBRES (2007)

Écrit et réalisé par Denys Arcand.
(Vu le 1er juillet 2008; format 150 mots)

Ayant reçu un accueil très mitigé à sa sortie, on constate à l’écoute de cette métaphore entre le moyen âge et un homme dans l’âge moyen que les nombreuses critiques négatives n’étaient pas toutes justifiées. Il est vrai que l’œuvre trouve difficilement son ton, particulièrement au début, que l’idée des fantaisies dans lesquelles le personnage de Marc Labrèche baigne pour oublier son quotidien aurait pu aller plus loin et que, à force de s’attaquer à tout (la banlieue, le politiquement correct, le gouvernement, la loi anti-tabac, le speed dating, les adolescents ingrats et leur sexualité précoce, l’omniprésence de la technologie, la peur véhiculée par les médias, la santé, etc.), le message est dilué. Néanmoins, Marc Labrèche est à la hauteur des attentes, certaines scènes fortes viennent solidifier l’œuvre en chemin et, en tant que satire sociale, le film devrait plaire à ceux qui ne sont pas réfractaires au cynisme complet. 7/10

mercredi 25 juin 2008

PERSEOPOLIS (2007)

Écrit et réalisé par Vincent Paronneau et Marjane Satrapi d’après les bandes dessinées et le roman de cette dernière.
(Vu le 24 juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Du début des années 1980 au milieu des années 1990, cette animation peu conventionnelle suit le parcours d’une jeune Iranienne qui n’a pas la langue dans sa poche et qui devra malheureusement subir le régime révolutionnaire islamique après qu’il ait remplacé la dictature du Shah. L’imagerie utilisée, principalement en noir et blanc, est très personnelle et en même temps très forte, un peu à l’image de ce récit autobiographique basé sur les bandes dessinées et le roman de la coréalisatrice, Marjane Satrapi. Après une première moitié au rythme exemplaire, l’œuvre s’essouffle un peu avec l’arrivée de la jeune fille en Occident et sa personnalité adolescente perd beaucoup de la fraîcheur et du charme qu’elle avait enfant, mais, peu importe que le film ne sache pas comment se conclure puisque la vie suit son cours, on a depuis longtemps été conquis par cette expérience touchante, drôle, triste, émouvante, frustrante et éducative. 8/10

BE KIND REWIND (2008)

Écrit et réalisé par Michel Gondry.
(Vu le 24 juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Après que le corps magnétisé de Jerry (Jack Black) ait effacé le contenu de toutes les casettes VHS, Mike (Mos Def) et lui devront tourner tous les films à nouveau à leur façon pour sauver un vieux vidéoclub de la faillite. Avec cette bonne prémisse, Michel Gondry, génie du vidéoclip et expert en effets spéciaux maison, fait malheureusement une comédie qui lève peu, en raison notamment d’une direction d’acteur qui ne contrôle pas le cabotinage de ses vedettes. La bonne finale nous rappelle la thématique centrale : la nostalgie d’une époque révolue où les films étaient faits avec le cœur et les moyens du bord. Toutefois, cela nous rappelle aussi à quel point il est passé à côté, principalement à cause du scénario, et que, sans un scénariste de la trempe de Charlie Kaufman, l’extraordinaire The Eternal Sunshine of a Spotless Mind pourrait devenir une exception dans son parcours cinématographique. 6/10

mardi 24 juin 2008

4 LUNI, 3 SEPTAMÄNI SI 2 ZILE (4 mois, 3 semaines et 2 jours) (2007)

Écrit et réalisé par Cristian Mungiu
(Vu le 24 juin 2008; format 150 mots)

Premier film roumain a remporté la Palme d’Or à Cannes, celui-ci se situe dans « l’âge d’or de la Roumanie », c’est-à-dire quelques années avant la chute du régime communiste. Loin d’être une époque que le réalisateur Christian Mungiu semble chérir, il nous convie à une histoire d’horreur du quotidien : Gabita est enceinte et demande à son amie Otilia de l’aider à se faire avorter, ce qui est illégal. Après un premier quart banal où une caméra-épaule suit leur démarche et rappelle à l’auditeur occidental toutes les difficultés ponctuelles de ce système, les événements se corsent avec l’arrivée de M. Bébé, l’avorteur dont les demandes dépassent ce qui semblait initialement prévu. Filmée en longs plans-séquences, dont l’un de près de dix minutes à un souper bavard auquel Otilia voudrait échapper, Mungiu créé une œuvre à la réalité palpable qui ne fera assurément pas l’unanimité, mais qui demeurera inoubliable pour tous. 7,5/10

CONTROL (2007)

Réalisé par Anton Corbijn. Écrit par Matt Greenhalgh d’après une autobiographie de Deborah Curtis.
(Vu le 23 juin 2008; format 150 mots)

Gagnant de la Caméra d’Or à Cannes, ce film qui se penche sur la vie du chanteur de Joy Division est à ne pas manquer pour ceux qui s’intéressent au mouvement post-punk anglais. Anton Corbijn, qui a déjà travaillé avec le groupe, réalise en noir et blanc une première œuvre très contrôlée, malgré qu’elle traite du manque d’emprise que Ian Curtis avait sur sa vie, tant en ce qui concerne son groupe, ses responsabilités, ses choix de jeunesse ou encore son propre corps (son épilepsie.) Pour sa part, Sam Riley, qui incarne Curtis, est une véritable révélation grâce à son physique similaire, sa prestance et sa voix. Néanmoins, le traitement lent pourrait rebuter les habitués des dernières biographies musicales à succès, et le personnage de sa femme est sous-exploité, surtout lorsque le scénario est basé sur son livre et que la théorie principale derrière son suicide soit son mariage malheureux. 7,5/10

BORDERLINE (2008)

Réalisé par Lyne Charlebois. Écrit par Lyne Charlebois et Marie-Sissi Labrèche d’après ses livres « Borderline » et « La Brèche ».
(Vu le 22 juin 2008; format 150 mots)

Au moment de son trentième anniversaire, Kiki Labrèche, une dépendante affective et sexuelle s’autoproclamant « borderline », doit faire face à son passé, que ce soit sa folle de mère, sa grand-mère à la santé chancelante, ses nombreuses aventures et erreurs de jeunesse ou encore sa peur de s’engager dans une relation signifiante. Basée sur les romans de Marie-Sissi Labrèche, cette exploration psychologique peut sembler un peu longuette par moments en raison de son manque de péripéties ou encore par cette volonté de coller à ses pendants littéraires, mais elle demeure captivante en raison de la présence de nombreuses actrices chevronnées : Isabelle Blais, Sylvie Drapeau et Angèle Coutu. Au passage, Lyne Charlebois livre une première œuvre solide plutôt unique dans le paysage cinématographique québécois et, malgré que les scènes de nudité y abondent et frôlent parfois la pornographie, elles s’avèrent nécessaires pour bien saisir les carences et les obsessions du personnage. 7/10

dimanche 22 juin 2008

THE INCREDIBLE HULK (2008)

Réalisé par Louis Leterrier. Écrit par Zak Penn.
(Vu le 15 juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No. 7 en juillet 2008)

Seulement 5 ans après le controversé Hulk d’Ang Lee, la machine à sous Marvel nous en propose un second se voulant davantage un hommage à la télé série des années 1970. Alors que le premier avait tendance à être trop cérébral, celui-ci se concentre principalement sur les scènes d’action. Ainsi, Louis Leterrier (The Transporter) se sent beaucoup plus à l’aise dans les explosions, délaissant dangereusement sa direction d’acteurs. En effet, les scènes entre William Hurt et Tim Roth sonnent fausses et l’apport de Liv Tyler est inégal (particulièrement dans certaines scènes ridicules comme celle de la belle et la bête dans la caverne, et les adieux susurrés sur la plateforme d’un hélicoptère en plein vol.) Ajoutons à cela une armée qui démolit tout sur son passage, une prémisse escamotée se résumant au générique d’ouverture, une finale où l’ordinateur domine et nous nous retrouvons avec un divertissement estival compétent, sans plus. 6/10

dimanche 8 juin 2008

THE GREAT DEBATERS (2007)

Réalisé par Denzel Washington. Écrit par Robert Eisele d’après une histoire de Robert Eisele et Jeffrey Porro.
(Vu le 7 juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No. 7 en juillet 2008)

1935, Melvin Tolson, professeur d’un collège noir du Texas, forme une équipe de débats qui marquera l’histoire en affrontant pour la première fois des universités blanches, dont Harvard. Basée sur une histoire vraie, nominée aux Golden Globes pour meilleur drame, cette seconde réalisation de Denzel Washington se révèle compétente et touchante. Cela ne veut pas dire que certaines maladresses n’y subsistent pas, comme cette introduction particulièrement confuse et une direction d’acteurs inconstante, mais l’acteur a choisi une histoire pleine de bons sentiments dont il tire le meilleur parti. Également, sa propre présence dans le rôle de l’enseignant impliqué, aux activités gauchistes dangereuses, donne une stabilité professionnelle au déroulement, avec en prime la performance charmante de Denzel Whitaker, qui incarne un génie de 14 ans. Au final, cette leçon de justice, d’égalité, de dépassement de soi et d’excellence émeut et rend nostalgique d’une époque qui semble être révolue dans nos écoles. 7/10

samedi 7 juin 2008

RAMBO (2008)

Réalisé par Sylvester Stallone. Écrit par Art Monterastelli et Sylvester Stallone d’après les personnages de David Morell.
(Vu le 6 juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No. 7 en juillet 2008)

Établi en Thailande, John Rambo aide à contrecoeur des Américains chrétiens à entrer en territoire birman. Bien entendu, ils se feront capturer et il devra les sauver. Après un court topo sur le Myanmar (ex-Birmanie), on établit rapidement que les dialogues ne seront pas la principale force du scénario, que l’actrice principale est nulle et que seules comptent les scènes d’action. « Nothing does change », affirme Rambo le philosophe et Sly y annonce son parti pris : son personnage sexagénaire est toujours aussi musclé, antisocial, inarticulé, et n’a pas pris une ride (seulement bien d’autres choses pour en arriver là…) C’est le premier volet réalisé par l’acteur et, agréablement, il ne se prend pas au sérieux. Suivant Mel Gibson, il offre un montage rythmé, une cinématographie compétente et des scènes d’une violence graphique ridicule qui amuse, ce qui devrait plaire aux amateurs de la série et des films d’action années 1980. 6,5/10

jeudi 5 juin 2008

DIARY OF THE DEAD (2007)

Écrit et réalisé par Georges A. Romero.
(Vu le 1er juin 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No. 7 en juillet 2008)

Des étudiants en cinéma tournent un film d’horreur amateur au moment où tous les cadavres renaissent en morts-vivants affamés. Alors qu’il satisfera probablement ses fans et tout amateur de films de zombie, le dernier Romero risque d’être injustement comparé à Cloverfield en raison du choix esthétique, c’est-à-dire un tournage à la première personne avec un des personnages tenant constamment la caméra. Même s’il a fait moins de bruit, le cas présent a un scénario beaucoup moins convenu, comporte un humour faisant davantage mouche et possède des effets spéciaux où l’on sent moins la manipulation digitale. Cela ne veut pas dire que tout est parfait, car le film est également victime d’un jeu d’acteur moyen et le commentaire social habituel du réalisateur (ici sur les médias : leur omniprésence, notre obsession, la désinformation...) devient plutôt lourd, tout comme la narration inutile à la Sarah Connor (Terminator 2) accompagnant les images d’apocalypse. 6/10

samedi 24 mai 2008

I'M NOT THERE (2007)

Réalisé par Todd Haynes. Écrit par Todd Haynes et Oren Moverman d’après les chansons et la vie de Bob Dylan.
(Vu le 22 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No. 7 en juillet 2008)

Pas exactement une biographie de Bob Dylan, mais plutôt une interprétation basée sur ses chansons et sa vie, Todd Haynes choisit pour ce faire six acteurs. Chacun représente un aspect de la légende vivante aux multiples facettes : Woody Guthrie (Marcus Carl Franklin), un préadolescent talentueux errant se créant une histoire personnelle à travers les chansons des autres; Arthur Rimbaud (Ben Whishaw), le poète ironique; Jack Rollins (Christian Bale), le jeune ingénu du Greenwich Village qui se reconvertira au christianisme; Robbie Clarke (Heath Ledger), l’homme de famille; Jude Quinn (Cate Blanchett), le Dylan électrifié se mettant presse et fans à dos avec son attitude nihiliste; et Billy the Kid (Richard Gere), le reclus. Ajoutez à cela un montage non linéaire et un réalisateur se prenant pour Fellini, et vous avez un ennuyant fourre-tout visuel. Heureusement, il reste en arrière-plan les chansons et la qualité des interprétations, particulièrement celle de Blanchett. 6,5/10

mardi 20 mai 2008

WAR DANCE (2007)

Écrit et réalisé par Sean Fine et Andrea Nix.
(Vu le 19 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Nommé pour l’Oscar du meilleur documentaire, ce premier film de Sean Fine et d'Andrea Nix s’intéresse au sort de jeunes ougandais du Nord, vivant dans un camp de réfugiés suite aux atrocités de la guerre civile, et leur désir de participer au concours national de musique et de danse. On y suit particulièrement trois adolescents, représentant les catégories principales de la compétition ainsi qu’un aspect des conséquences de la guerre : Dominic, le talentueux xylophoniste ayant été enlevé pour être un enfant-soldat; Rose, l’orpheline chanteuse, exploitée par sa tante; et Nancy, la danseuse dont le père a été assassiné. Le rythme peut être lent par moments, mais la cinématographie est superbe, les enfants, extrêmement touchants et le documentaire regorge de moments forts : Dominic confrontant un rebelle emprisonné, Nancy allant voir la tombe de son père, et la remise de prix, qui n’a rien à voir avec une tricherie hollywoodienne. 7,5/10

lundi 19 mai 2008

ORFANATO, EL (2007)

Réalisé par Juan Antonio Bayona. Écrit par Sergio G. Sanchez.
(vu le 19 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Ayant acheté l’orphelinat où elle a été élevée, Laura et son fils adoptif y seront confrontés à des événements paranormaux. Basé sur la recette éculée de l’enfant qui se met à avoir des visions une fois en contact avec une maison recluse au passé lourd (prémisse qu’avait également exploité son compatriote Alejandro Amenabar dans The Others), ce premier film de Juan Antonio Bayona, réalisé avec maîtrise, réussit tout de même à amener le tout un peu plus loin. En effet, malgré qu’on soit loin d’éviter les clichés du genre, et qu’il ne faille surtout pas croire ceux y voyant un quelconque lien avec l’excellent El laberinto del fauno, les acteurs jouent avec aplomb dans ce qui se révèle être, après un premier quart plutôt mou, un thriller satisfaisant à la cinématographie intéressante. De plus, une séquence de contact surnaturel, rehaussée par la présence de Geraldine Chaplin, est d’un suspense exemplaire. 7/10

SCAPHANDRE ET LE PAPILLON, LE (2007)

Réalisé par Julian Schnabel. Écrit par Ronald Harwood d’après le livre de Jean-Dominique Bauby.
(vu le 11 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Jean-Dominique Bauby était l’éditeur en chef du magazine Elle et compensait sa vie familiale ratée par de nombreux excès lorsqu’il fut victime d’un arrêt cérébral. Atteint du « locked-in syndrome », tous ses membres demeuraient paralysés alors qu’il conservait toutes ses facultés mentales. Basée sur l’autobiographie dictée à l’aide du seul mouvement de sa paupière, le réalisateur américain Julian Schnabel, qui a insisté pour que la production soit tournée en français, met tout en œuvre pour nous mettre dans la peau de l’homme, que l’on ressente également cette sensation de voir la vie à travers le hublot d’un scaphandre prisonnier au fond des mers. Ce procédé pouvant agacer au début se révèle ultimement efficace, notamment en raison de la qualité du jeu des acteurs. Au final, il s’agit d’une histoire inspirante, qui valait la peine d’être racontée, sur la beauté de la vie malgré les obstacles parfois insurmontables qu’elle nous impose. 7,5/10

dimanche 11 mai 2008

IRON MAN (2008)

Réalisé par Jon Favreau. Écrit par Mark Fergus, Hawk Ostby, Art Marcum et Matt Holloway d’après les personnages de Stan Lee, Don Heck, Larry Lieber et Jack Kirby.
(Vu le 10 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Tony Stark est un playboy et un génie fabriquant des armes pour la compagnie familiale. Ne voyant aucun problème moral à son style de vie, sa vision des choses va cependant changer lorsqu’il se fera enlever par des terroristes ayant mis la main sur les armes manufacturées par son entreprise. Bien entendu, les méchants sont d’origine arabe et seul un Américain peut sauver les innocents subissant la guerre, l’amourette avec Gwyneth Paltrow est accessoire et certains gags visuels démontrent que le public ciblé est assez jeune, mais le choix des acteurs principaux rehausse le film au-dessus du niveau habituel du genre. Robert Downey Jr se révèle un choix judicieux pour le rôle avec son Iron Man crédible et charismatique, et Jeff Bridges incarne savoureusement son adversaire. Se concentrant davantage sur le développement du personnage que sur des scènes d’action pétaradantes, il s’agit d’une réussite en matière de film de superhéros. 7,5/10

DANS UNE GALAXIE PRÈS DE CHEZ VOUS 2 (2008)

Réalisé par Philippe Gagnon. Écrit par Pierre-Yves Bernard et Claude Legault.
(Vu le 7 mai 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Après 4 ans d’absence, l’équipage du Romano Fafard est de retour sur nos grands écrans, poursuivant sa quête de la planète qui pourra abriter 6 milliards de tatas. Cette suite, toujours dans la lignée absurde à la Spaceballs, est conçue comme un feu roulant de gags, mais ceux-ci tombent malheureusement souvent à plat. En fait, le problème principal du film est sa réalisation. En effet, Philippe Gagnon, plus habitué à la télévision, fait certains choix douteux (le vidéoclip), dirige ses acteurs avec mollesse, les laissant cabotiner inutilement et s’ancrer dans leurs habitudes, et n’arrive pas à installer le rythme adéquat pour permettre aux nombreuses blagues de respirer. Tout de même, il est toujours amusant de retrouver le capitaine Patenaude de Guy Jodoin avec ses troubles de diction et la fin, avec son petit message environnementaliste, rachète une grande partie de ce film léger qui aurait facilement pu être plus drôle. 6/10

CLOVERFIELD (2008)

Réalisé par Matt Reeves. Écrit par Drew Goddard.
(Vu le 22 avril 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Partant d’une prémisse géniale, Godzilla rencontre Blair Witch Project, les artisans de ce projet font malheureusement très peu. En effet, le déroulement se révèle par la suite tristement conventionnel avec toutes ces péripéties sans invention. Que ce soit sur le pont, dans le tunnel du métro ou dans l’hélicoptère, tout ce qui arrive fait preuve de bien peu d’imagination. De plus, le jeu des acteurs sorti tout droit d’un épisode télé pour adolescents ne nous permet pas de s’attacher aux personnages, situation qui devient rapidement évidente durant la longue introduction. Certains moments font preuve d’un suspense adéquat, particulièrement lors des premières apparitions de la créature, mais celle-ci se retrouve trop exposée par la suite avec des effets spéciaux navrants. Tout de même, malgré tous ses défauts et le fait que la forme surpasse grandement le fond, il s’agit d’une expérience cinématographique unique que de nombreux amateurs de sensations fortes apprécieront. 6,5/10

samedi 19 avril 2008

LARS AND THE REAL GIRL (2007)

Réalisé par Craig Gillespie. Écrit par Nancy Oliver.
(Vu le 18 avril 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Un jeune homme extrêmement timide présente à son frère et à la femme de ce dernier son amoureuse qu’il a rencontrée dans Internet : une poupée grandeur nature. Alors que ce synopsis aurait pu amener de nombreux gags faciles à connotation sexuelle avec un humour situé fréquemment sous la ceinture, le scénario de Nancy Oliver (Six Feet Under), nommé aux Oscars, nous plonge dans le monde touchant d’une homme désillusionné et de la petite communauté, tricotée serrée, qui l’entoure et qui l’aime. Ryan Gosling, qui a tendance à prendre des rôles intéressants et courageux (voir son enseignant héroïnomane de l’an dernier dans Half Nelson) est excellent dans son rôle, restant attachant malgré ses carences, et sera vraiment un acteur à surveiller dans les années à venir. Principalement dramatique, avec une finale émouvante, le film de Craig Gillespie (Mr. Woodcock) réussit également à parfois faire rire, et à souvent faire sourire. 7,5/10

mercredi 16 avril 2008

WALK THE LINE (Extended Cut) (2005)

Réalisé par James Mangold. Écrit par Gill Dennis et James Mangold d’après le livre de Johnny Cash et de Patrick Carr.
(Commande du journal Bang Bang; revu le 14 avril 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.5 le 8 mai 2008)

Réussite en matière de biographie musicale, le film qui explore la genèse du couple Johnny Cash-June Carter se voit offrir le traitement de luxe avec une édition de 2 DVDs comprenant une version allongée d’une vingtaine de minutes ainsi que plus de deux heures de documentaires ne lésinant pas sur les grosses pointures de l’industrie musicale et se trouvant à être informatifs et touchants en raison de l’amour des artisans pour son sujet, chose rare dans les suppléments. Pour leur part, les scènes coupées, outre une séquence sur la création de I Still Miss Someone, viennent principalement allonger celles vues préalablement. Elles ajoutent peu et nuisent sensiblement au rythme de la production, mais ne devraient pas déplaire aux fans du film ni le ruiner pour ceux qui voient premièrement cette mouture, et la qualité des interprétations reste intacte dans ce qui fut l’un des bons moments de cinéma en 2005. 8/10

THE SAVAGES (2007)

Réalisé et écrit par Tamara Jenkins.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 12 avril 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.5 le 8 mai 2008)

Un frère et une sœur, Wendy et Jon Savage, se voient dans l’obligation, après l’avoir perdu de vue pendant de nombreuses années, de s’occuper de leur père devenu sénile. Tamara Jenkins brosse un autre portrait d’une famille dysfonctionnelle américaine, mais évite la redite grâce à son scénario, nominé aux Oscars et plusieurs fois primé, et au jeu de ses acteurs principaux. En effet, les valeurs sûres que sont Laura Linney et Philip Seymour Hoffman ne déçoivent pas et interprètent à merveille ces deux êtres, amoureux de théâtre pour pallier à l’absurdité de la vie, ayant développé des carences dans leur enfance qui les empêchent de se lier à autrui, que ce soit en amour, entre amis, en famille ou avec eux-mêmes. Le rythme un peu contemplatif de la réalisation évacue souvent l’émotion et Philip Bosco campe un père assez antipathique, mais l’habile finale nous laisse avec l’impression d’une profonde satisfaction. 7,5/10

samedi 12 avril 2008

CHARLIE WILSON'S WAR (2007)

Réalisé par Mike Nichols. Écrit par Aaron Sorkin d’après le livre de George Crile.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 11 avril 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.5 le 8 mai 2008)

Charlie Wilson est un membre du congrès, connu pour son penchant envers les femmes et le whisky, qui jouera un rôle dans l’armement des Afghans contre l’envahisseur soviet durant la Guerre froide. Basé sur des événements réels, le dernier Mike Nichols (The Graduate) a reçu de nombreuses critiques élogieuses et nominations, notamment pour Phillip Seymour Hoffman en agent secret n’ayant pas la langue dans sa poche. Malgré cela, on y trouve un rythme qui se cherche et des dialogues très chargés ne possédant pas la verve d’un Who’s Afraid of Virginia Wolfe? ou même celle réaffichée dernièrement dans Closer. De plus, cette satire politique s’avère moins efficace que, par exemple, son propre Catch22, car il faut vraiment chercher pour le message (l’abandon du soutien financier suite à la guerre à mener à la situation actuelle), puisque le film se concentre principalement à promener ses personnages excentriques de cocktails en cocktails. 6,5/10

dimanche 6 avril 2008

DIE FALSCHER (Les Faussaires) (2007)

Réalisé et écrit par Stefan Ruzowitzky d’après le livre d’Adolf Burger.
(Vu le 5 mars 2008; frmat 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Gagnant de l’Oscar du meilleur film étranger, cette histoire vraie relate la plus grande opération de contrefaçon de monnaie, celle lancée par les Allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans le rôle principal, Karl Markovics a vraiment la bouille de l’emploi et incarne avec brio le rôle du faux-monnayeur juif transféré de camp de concentration pour superviser l’opération qui, derrière sa façade et sa volonté de survivre à tout prix, cache une compassion pour ses compatriotes. À l’opposé, August Dielh interprète Adolf Burger, un jeune idéaliste pour qui la survie d’un seul est moins importante que celle de la collectivité et dont les agissements participeront à la défaite des Allemands. La réalisation de Stefan Ruzowitzky (Anatomie) est somme toute ordinaire, particulièrement la direction photo (caméra-épaule, gros grain, nombreux gros plans), mais l’histoire plus grande que nature et les performances des acteurs en font une œuvre qui interpelle. 7,5/10

THE KITE RUNNER (2007)

Réalisé par Marc Foster. Écrit par David Benioff d’après le roman de Khaled Hosseini.
(Vu le 31 mars 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

À Kaboul, dans les années 1970, deux jeunes d’une caste sociale différente, Amir et Hassan, dont l’un est le serviteur de l’autre, sont inséparables et excellent dans leur sport favori : les compétitions de cerfs-volants. Des événements tragiques devant demeurer tabous leur feront toutefois prendre des chemins différents. Après de nombreuses années passées en Californie, Amir devra revenir en Afghanistan afin de rétablir la situation. Basé sur le best-seller de Khaled Hosseini, Marc Foster met en scène une réalité afghane dans sa langue d’origine, choix courageux compte tenu de la mentalité actuelle des États-Unis, même si la morale (il n’est jamais trop tard pour réparer les erreurs du passé, métaphore s’adressant directement au régime taliban) adhère au point de vue occidental sur la situation. Les performances y sont toutes très bonnes, particulièrement le jeune Hassan et le père, et certaines scènes puissantes en font une œuvre à ne pas manquer. 7,5/10

samedi 29 mars 2008

THE MIST (2007)

Réalisé et écrit par Frank Darabont d’après la nouvelle de Stephen King.
(Vu le 25 mars 2008; format 150 mots)

Une brume étrange s’empare lentement de la ville et force un groupe de personnes à se réfugier dans un supermarché. Alors que les effets spéciaux nous font regretter les bons vieux tentacules en caoutchouc du temps de Tremors, Frank Darabont a la bonne idée de ne pas concentrer ses efforts sur l’horreur surnaturelle de l’histoire, mais bien celle humaine amenée par l’ignorance et la peur, que ce soit la xénophobie ou la montée du fondamentalisme religieux. Malheureusement, outre Marcia Gay Harden, excellente dans le rôle de la fanatique illuminée, le jeu des acteurs supporte mal les dialogues bien ficelés, particulièrement Thomas Jane, héros typiquement américain duquel on sent peu l’émotion. Ceux qui s’attendent à ce que le réalisateur ait refait l’exploit de The Shawshank Redemption ou de The Green Mile seront déçus et, alors qu’il y a de très bons moments, les qualités du film ne surpassent pas ses défauts. 7/10

mardi 25 mars 2008

I AM LEGEND (2007)

Réalisé par Francis Lawrence. Écrit par Mark Protosevich et Akiva Goldsman d’après le roman de Richard Matheson et le scénario de John William Corrington et Joyce Hooper Corrington.
(Vu le 23 mars 2008; format 150 mots)

Basé sur le roman d’anticipation de Richard Matheson dans lequel un virus a décimé la population humaine, ce véhicule taillé sur mesure pour Will Smith en est la troisième adaptation, après The Last Man on Earth (1964) et The Omega Man avec Charlton Heston (1971). Le début, où l’on présente efficacement un New York dévasté, même si cela a été fait souvent, et où le protagoniste n’a qu’un chien avec qui dialoguer (variation vivante sur le ballon de soccer de Cast Away), est atmosphérique à souhait et présente la tension nécessaire, quoi que l’on sente déjà cette volonté de surexploiter les effets visuels CGI. En effet, la suite se gâte quand apparaissent les survivants altérés, monstres tristement générés par ordinateur. Finalement, quand le scénario commence à présenter de sérieux trous et nous laisse en plan avec une finale décevante, il ne nous reste seulement l’impression que cela aurait pu être bon. 6,5/10

dimanche 23 mars 2008

LE RING (2007)

Réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette. Écrit par Renée Beaulieu.
(Vu le 19 mars 2007; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.5 le 8 mai 2008)

Jessy est un adolescent du quartier Hochelaga-Maisonneuve dont la passion pour la lutte est sa seule échappatoire face à la réalité désolante qui l’entoure. Anaïs Barbeau-Lavalette a déjà fait du documentaire, notamment avec des enfants défavorisés du Honduras, et utilise habilement ce qu’elle y a appris pour cette première fiction s’inspirant du cinéma social des frères Dardenne. N’évitant pas totalement le pathos (école buissonnière, mère héroïnomane, père alcoolique peu présent, frère délinquant vendeur de drogues, sœur prostituée) l’œuvre, sans avoir cette scène forte réellement marquante, est sincère avec sa direction photo alternant entre des plans poétiques bruts du quartier défavorisé et une caméra collant à la peau des personnages, sa mélancolie discrète appuyée par la musique de Catherine Major et Maxime Desjardins-Tremblay, extrêmement attachant dans ce rôle du jeune comprenant que la vie n’est pas obligée d’être comme la lutte, c’est-à-dire une mascarade où les perdants sont décidés à l’avance. 7/10

BEE MOVIE (2007)

Réalisé par Steve Hickner et Simon J. Smith. Écrit par Jerry Seinfeld, Spike Feresten, Barry Marder et Andy Robin.
(Vu le 18 mars 2008; format 150 mots)

Harry B. Benson est une abeille pas comme les autres qui décide d’aller explorer l’extérieur de la ruche et qui devra faire face aux conséquences de ses gestes. Malgré que ce soit un divertissement compétent, le principal problème de ce film d’animation est ce scénario à huit mains aux péripéties plutôt ennuyantes essoufflant rapidement le potentiel limité des jeux de mots sur les abeilles. L’histoire recèle quand même des commentaires sociaux intéressants, mais ils ont tous déjà été exploités : surconsommation (Over The Hedge), les effets de nos agissements sur l’environnement (Happy Feet), exploitation animalière (Madagascar), l’importance de l’individu au sein de la masse (Antz.) L’animation est d’une grande qualité, mais on aurait presque préféré, comme c’était le cas dans la bande-annonce, de voir Jerry Seinfeld déambuler en costume d’abeille, car, malgré quelques rires, cette sortie, après près de 10 ans de léthargie, sera un peu décevante pour ses fans. 6/10

LE DERNIER CONTINENT (2007)

Réalisé par Jean Lemire. Écrit par Caroline Underwood et Jean Lemire.
(Vu le 11 mars 2008, format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.5 le 8 mai 2008)

Pendant plus d’un an, Jean Lemire et son équipe ont mis le cap sur l’Antarctique pour aller mesurer les effets du réchauffement climatique. Alors que la réalisation lui est créditée, les véritables forces du film demeurent l’incroyable direction photo de Martin Leclerc et le montage rythmé, quoique l’on sente beaucoup de mise en scène dans cette aventure aux nombreux obstacles. Également, la narration du capitaine du navire est agaçante, prise dans une formalité modèle Canal D qui ne lui sied pas, et la musique est appuyée au point que l’on se croirait parfois dans un film-catastrophe à la The Poseidon Adventure. Cela n’empêche pas la production d’avoir des moments touchants (ce père appelant son jeune fils pour son anniversaire, ce bébé pĥoque semblant abandonné par sa mère.) Malheureusement, en évacuant la plupart des données scientifiques du sujet, on assiste davantage à un bon journal de bord filmé qu’à un documentaire. 6,5/10

samedi 8 mars 2008

INTO THE WILD (2007)

Réalisé et écrit par Sean Penn d’après le livre Jon Krakauer.
(Vu le 5 mars 2008; format 150 mots)

Fin des années 1980, un collégien récemment diplômé part sur la route sans avertir personne avec l’Alaska comme objectif. Emile Kirsh, rappellant Leonardo Di Caprio dans The Beach, se révèle un bon choix. En effet, il suit courageusement Sean Penn et sa réalisation très assurée dans l’évolution et tous les extrêmes du personnage qui, lentement, se détachera de tout ce que représente la vie en Amérique. Il fera en chemin de nombreuses rencontres formatrices, dont la plus intéressante demeure celle avec Hal Holbrook, dans laquelle il fait un dernier contact avec un semblant de famille et donne goût de vivre à un vieillard. Bercée par la musique d’Eddie Vedder, cette histoire vraie, malgré un montage inventif, s’éloigne difficilement de sa source littéraire et risque d’ennuyer ceux qui ne seront pas intéressés par une quête de la vérité, loin du matérialisme et de l’hypocrisie, aux nombreux échos à la mentalité hippie. 7/10

mercredi 5 mars 2008

IN THE VALLEY OF ELAH (2007)

Réalisé par Paul Haggis. Écrit par Paul Haggis et Mark Boal.
(Vu le 2 mars 2007; format 150 mots)

Après avoir réalisé une fresque ambitieuse sur cette mince frontière entre le bien et le mal avec Crash, gagnant du meilleur film 2005, le nouveau Paul Haggis est beaucoup plus minimaliste et se concentre sur la quête d’un seul homme. En effet, Tommy Lee Jones, dans un rôle nominé aux Oscars, porte le film sur ses épaules même s’il est difficile d’avoir de la sympathie pour cet ancien militaire qui tente de comprendre ce qui est arrivé à son fils, disparu depuis son retour d’une mission en Irak. Œuvre très satisfaisante malgré un dénouement qui aurait pu être plus spectaculaire, elle est passée plutôt inaperçu, probablement en raison de son sujet. Les Américains ne semblent pas prêts à se faire dire que leurs soldats en Irak, guerre dont les dommages collatéraux prennent souvent la forme d’enfants innocents, vivent une pression psychologique trop forte, les poussant à la torture, au meurtre. 7,5/10

samedi 1 mars 2008

30 DAYS OF NIGHT (2007)

Réalisé par David Slade. Écrit par Steve Niles, Stuart Beattie et Brian Nelson d’après la bande dessinée de Steve Niles et Ben Templesmith.
(vu le 29 février 2008; format 150 mots)

Utilisant une prémisse intéressante (dans un petit village en Alaska, il y fait nuit pendant trente jours consécutifs, laissant la voie libre à une bande de vampires assoiffés), David Slade (Hard Candy) offre une cure de rajeunissement au mythe du vampire en les transformant en des machines à tuer à la force surhumaine. Alors que cela amène son lot de scènes sanglantes qui pourront satisfaire les amateurs de films d’horreur, l’ensemble n’est pas aussi efficace qu’il pourrait l’être en raison du montage qui neutralise souvent le suspense et qui nous laisse insensible devant l’effusion d’hémoglobine. De plus, le jeu des acteurs (sauf Ben Foster, sous-exploité) n’arrive pas à cacher la pauvreté des dialogues de ce scénario assez conventionnel. Ces beaux paysages enneigés et la cinématographie nous rappelant que la source première de l’œuvre est une bande dessinée demeurent les plus grandes forces de cette production qui divertit sans être mémorable. 6/10

THE DARJEELING LIMITED (2007)

Réalisé par Wes Anderson. Écrit par Roman Coppola, Jason Schwartzman et Wes Anderson.
(Vu le 27 février 2008; format 150 mots)

Trois frères ne s’étant pas vu depuis des années se rencontrent en Inde pour renouer leurs liens, ce qui ne sera pas chose facile étant donné le caractère hyper contrôlant du plus vieux (Owen Wilson), l’obsession pour la mort de son père du second (Adrien Brody) et la vie amoureuse chamboulée du dernier (Jason Schwartzman.) Gardant la douce folie de The Royal Tenenbaums et la mélancolie inhérente à Rushmore, ce dernier film de Wes Anderson se rapproche toutefois plus de The Aquatic Life with Steve Zissou, c’est-à-dire que l’on suit une brochette de personnages à partir d’un véhicule (un train ici au lieu d’un sous-marin) dans un endroit exotique vivant des péripéties qui se révèlent, somme toute, inintéressantes. Le réalisateur sait toujours marier le son et l’image, certains dialogues et situations sont de bonnes trouvailles, mais la cinématographie exploite peu les ressources colorées de l’Inde et l’ensemble laisse plutôt indifférent. 6,5/10

mercredi 27 février 2008

NO COUNTRY FOR OLD MEN (2007)

Réalisé et écrit par Ethan Coen et Joel Coen d’après le roman de Cormac McCarthy.
(Vu le 24 février 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario adapté et meilleur acteur de soutien aux derniers Oscars : il s’agit réellement de la consécration tardive des frères Coen, lesquels font partie des cinéastes américains indépendants les plus intéressants des dernières années et qui, après quelques remakes ordinaires et des œuvres mineures, reviennent avec leur meilleure production depuis The Big Lebowsky. Utilisant les mêmes ingrédients que Fargo, c’est-à-dire un plan foireux entraînant beaucoup de violence et comprenant des personnages excentriques à l’accent bouseux, le film possède vraiment leur signature malgré qu’il soit adapté d’un roman et ils nous livrent, dans une tension et un suspense incroyables, quelques unes des séquences les plus puissantes de 2007 avec un Javier Bardem hypnotisant en tueur psychopathe. Cependant, ce western moderne risque de grandement frustrer plus d’un spectateur moyen attiré par les prestigieuses récompenses en raison de sa fin ouverte symbolique laissant de nombreuses questions en suspens. 8,5/10

ATONEMENT (2007)

Réalisé par Joe Wright. Écrit par Christopher Hampton d’après le roman de Ian McEwan.
(Vu le 24 février 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Gagnant du Golden Globes du meilleur drame, cette production sur un amour impossible durant les années 1940 en raison des classes sociales, des mensonges et de la guerre, même s’il n’a remporté que l’Oscar de la meilleure musique est assurément l’un des meilleurs films de l’année, malgré que son aspect poli soulèvera peu les passions. La réalisation de Joe Wright est souvent surprenante, surtout ce long plan-séquence de 5 minutes sur la plage de Dunkirk incorporant un millier de figurants. Également, il s’agit du meilleur rôle de Keira Knightley, très sensuelle, qui partage une scène particulièrement torride avec James McAvoy. Aussi, seul un cœur de pierre pourra résister à la puissante finale soutenue par l’apparition de Vanessa Redgrave. Toutefois, la scission entre les amours innocents et la guerre est plutôt abrupte, tout comme ces nombreux bonds dans le temps indiquent un montage tortueux essayant trop fidèlement d’adapter son pendant littéraire. 8/10

THERE WILL BE BLOOD (2007)

Réalisé et écrit par Paul Thomas Anderson d’après le roman de Upton Sinclair.
(Vu le 23 février 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)

Cette fresque sur un homme déterminé à faire fortune avec le pétrole au tournant du 20e siècle est avant tout celle de Daniel Day-Lewis. En effet, il est tout simplement magistral dans ce rôle dont la misanthropie n’a d’égale que l’avarice. Son jeu ayant mérité l’Oscar est également soutenu par son confrère, Paul Dano, qui incarne avec intensité un jeune prêcheur symbolisant le conflit entre le monde matériel et spirituel dans cette Amérique profonde aux nombreuses richesses, mais à l’ignorance encore plus grande. Paul Thomas Anderson, qui nous avait habitué à des histoires aux multiples personnages (Magnolia, Boogie Nights) ou tordues (Punch-Drunk Love) fait preuve d’une incroyable retenue et aurait assurément mérité la meilleure réalisation et le meilleur scénario adapté si ce n’avait été de la consécration des frères Coen. Toutefois, l’aspect lancinant et contemplatif de l’œuvre ainsi que la fin abrupte ne risquent pas d’aller chercher le grand public. 8/10

mardi 26 février 2008

MICHAEL CLAYTON (2007)

Écrit et réalisé par Tony Gilroy.
(Vu le 23 février 2008; format 150 mots)

Michael Clayton (George Clooney) est l’homme à tout faire d’une firme d’avocats se spécialisant dans ces choses qu’on veut garder secrètes. Au moment où sa propre vie personnelle ne va pas très bien, il doit s’occuper d’un des bonzes de la compagnie en charge d’une affaire extrêmement importante et ayant complètement perdu les pédales. Cette première réalisation de Tony Gilroy, scénariste de la série Bourne Identity, en a surpris plus d’un dans l’industrie, recevant 7 nominations aux Oscars. Il s’agit effectivement d’une réussite en matière de première œuvre, mais elle n’est pas sans défauts. En effet, le montage est inutilement complexe, suivant un scénario partant dans toutes les directions, alors que la trame est relativement simple. Toutefois, la qualité du jeu des acteurs relève le tout, particulièrement Tom Wilkinson dans la peau de l’avocat dont la maniaco-dépression risque de mettre au grand jour les dessous peu reluisants du monde juridique. 7,5/10

lundi 25 février 2008

JUNO (2007)

Réalisé par Jason Reitman. Écrit par Diablo Cody.
(Vu le 22 février 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.6 le 5 juin 2008)
Pas nécessairement une œuvre pro-vie malgré la prémisse (une adolescente décide de mener sa grossesse à terme et d’offrir l’enfant à un jeune couple), cette charmante comédie traite avec fraîcheur de son sujet et offre, avec ses chansons folks enfantines et ses personnages excentriques, un côté beatnik décalé, loin de l’œuvre typique impliquant des adolescents. Tous les acteurs y sont excellents, particulièrement l’étonnante nouvelle venue Ellen Page dans le rôle-titre et son père, l’hilarant J.K. Simmons. Ceci étant dit, la plus grande richesse demeure toutefois le surprenant scénario original aux dialogues intelligents mitraillés de Diablo Cody ayant remporté, avec raison, l’Oscar. En somme, ce film drôle sachant également émouvoir, sans avoir remporté ses nominations pour meilleur film et meilleure réalisation, n’en demeure pas moins la comédie indépendante de l’année, un peu comme l’était Little Miss Sunshine l’an dernier, et Jason Reitman (Thank You for Smoking) sera un réalisateur à surveiller. 8,5/10

AMERICAN GANGSTER (2007)

Réalisé par Ridley Scott. Écrit par Steven Zaillian d’après un article de Mark Jacobson.
(vu le 21 février 2008; format 150 mots)

Fin des années 1960, suite à la mort d’un gangster contrôlant Harlem, les rênes de l’empire sont reprises par son chauffeur (Denzel Washington), prenant contrôle du marché de l’héroïne, ce qui l’amènera éventuellement dans les filets d’un policier (Russell Crowe) nouvellement à la tête d’une division de narcotiques. Faisant 3 heures dans sa version prolongée, ce nouvel opus de Ridley Scott décrivant courageusement la corruption policière ne cache pas ses volontés épiques et réussit, grâce à un montage efficace, des scènes complexes menées de main de maître, le jeu de ses principaux interprètes, une bande sonore soul plaisante et l’excellent scénario de Steve Zaillian (Schindler’s list) à maintenir constamment l’intérêt. L’émotion est un peu écartée de cette histoire où la drogue est vraiment le nerf de la guerre (sauf peut-être dans le cas de la mère, interprétée par Ruby Dee) , mais son réalisateur livre avec brio une œuvre extrêmement professionnelle. 8/10

dimanche 17 février 2008

WE OWN THE NIGHT (2007)

Écrit et réalisé par James Gray.
(Vu le 16 février 2008; format 150 mots)

Dans les années 1980, le gérant d’une boîte de nuit (Joaquin Phenix) collabore pour l’arrestation du trafiquant de drogue ayant tiré sur son frère policier (Mark Wahlberg), enclenchant une guerre personnelle entre les deux clans. James Gray utilise cet affrontement à la bande sonore entraînante (Bowie, Blondie, The Clash) pour en faire un drame familial, la personnalité des deux frères devenant ainsi une métaphore montrant que criminels et policiers sont parfois les deux versants d’une même médaille. Ici, le Yin l’emporte sur le Yang, le fils dépravé joignant les rangs des forces de l’ordre suite à la mort de son père, chef de la police. En somme, réutilisant les acteurs principaux de son précédent film, The Yards, le réalisateur-scénariste nous livre sensiblement la même chose avec cette œuvre ayant été nominée pour la Palme d’Or à Cannes, c’est-à-dire un drame de qualité qui n’a par contre rien de mémorable. 7/10

samedi 16 février 2008

THE ASSASSINATION OF JESSE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD (2007)

Réalisé par Andrew Dominik. Écrit par Andrew Dominik d’après le roman de Ron Hansen.
(Vu le 13 frévrier 2007; format 150 mots)

Dans la lignée des westerns psychologiques des années 1970 qui visaient à détruire les mythes de l’Ouest, on raconte la rencontre entre deux titans, un peu comme Peckinpah l’avait fait dans Pat Garrett & Billy the Kid. Cela n’empêche pas le film d’être présenté fréquemment à travers le verre déformant de la nostalgie, ce qui constitue l’un des aspects intéressants de l’époustouflante cinématographie, principal attrait de la production. Les performances des acteurs valent également le détour, Brad Pitt offrant en Jesse James un sociopathe adulé poussant les gens à ne jamais être vrai en sa présence. C’est toutefois Casey Affleck, incarnant un Robert Ford désirant assassiner l’objet de sa fascination auquel il s’identifie, qui surprend le plus avec, entre autres, sa composition faciale, d’une mollesse nous portant au mépris. Cependant, la formalité de la narration, l’extrême lenteur du montage ainsi que l’exposition froide des événements risquent d’en rebuter plus d’un. 6,5/10

mercredi 13 février 2008

GONE BABY GONE (2007)

Réalisé par Ben Affleck. Écrit par Aaron Stockard et Ben Affleck d’après un roman de Dennis Lehane.
(Vu le 12 février 2007; format 150 mots)

Après une décennie de performances massacrées par la critique, Ben Affleck arrive avec une première réalisation qui en surprendra plusieurs. On le savait déjà fier de sa ville natale, Boston, qu’il filme ici avec un souci du détail réaliste et un amour palpable des quartiers et de ses habitants, mais l’œuvre offre une mélancolie et une profondeur émotive que l’on ne lui connaissait pas. Quoique la cinématographie soit ordinaire et que l’issue soit rapidement connue, la performance d’Amy Ryan en mère junkie, le choix judicieux de son frère, Casey Affleck, dans le rôle principal ainsi que les questions morales complexes proposées en font un film méritant d’être vu. Tout en n’étant pas Mystic River, autre œuvre adaptée d’un roman de Dennis Lehane sur la perte d’un être cher, c’est assez bon pour qu’on se dise que Ben Affleck devrait lâcher le métier d’acteur et se concentrer sur la réalisation. 7,5/10

mardi 12 février 2008

THE BRAVE ONE (2007)

Réalisé par Neil Jordan. Écrit par Roderick Taylor, Bruce A. Taylor et Cynthia Mort.
(Vu le 10 février 2007; format 150 mots)

Après avoir joué pour son premier rôle majeur une jeune prostituée secourue par un homme ordinaire ayant sauté les plombs et ayant décidé de faire régner la justice lui-même (Taxi Driver), c’est cette fois au tour de Jodie Foster d’incarner une espèce de Travis Bickle féminine. Ce scénario dans lequel une vie parfaite bascule peu à peu dans une spirale de violence aurait pu être extrêmement banal en d’autres mains, mais Neil Jordan a la bonne idée de se concentrer sur la peur accompagnant toute agression et cet inconnu tapi en chacun de nous plutôt que sur la revanche en tant que telle. C’est sûr qu’il nous avait accoutumé à des films plus controversés (Crying Game), politiques (Michael Collins) ou éclatés, mais il s’agit d’un essai réussi au film plus conventionnel, lequel est bien appuyé par la performance de Jodie Foster ainsi que par les scènes qu’elle partage avec Terrence Howard. 7/10

dimanche 10 février 2008

SHAKE HANDS WITH THE DEVIL (2007)

Réalisé par Roger Spottiswoode. Écrit pat Michael Donovan d’après le roman de Roméo Dallaire.
(Vu le 7 février 2008; format 150 mots)

Ceux qui ont encore envie de voir un film traitant du génocide au Rwanda après tous les autres sortis ces dernières années ne regretteront pas de visionner celui-ci. En effet, malgré que l’on nous présente un peu trop Roméo Dallaire comme un héros, victime des circonstances ayant tout tenté, mais s’étant fait mettre des bâtons dans les roues de toute part, et qu’on alterne irrationnellement entre le français et l’anglais, le scénario expose avec brio cette situation dans laquelle la laideur humaine a côtoyé la beauté des paysages. Également, la réalisation de Roger Spottiswoode (Tomorrow Never Dies), qui nous avait habitué à des productions pétaradantes et vides, fait preuve d’une belle retenue et s’efface avec respect derrière la situation. Certes, puisqu’on vit cette dernière du point de vue occidental et militaire, et non de l’intérieur comme dans Hotel Rwanda, l’émotion passe moins, mais Roy Dupuis s’avère excellent dans son rôle. 7/10

ACROSS THE UNIVERSE (2007)

Réalisé par Julie Taynor. Écrit par Dick Clement et Ian La Frenais.
(Vu le 6 février 2008; format 150 mots)

Prenant l’idée que les Beatles ont incarné les années 1960, de la pop innocente au psychédélisme et à la contestation, cette comédie musicale les utilise pour suivre de jeunes étudiants traversant la décennie, projet ambitieux qui tente d’accomplir en deux heures ce que le téléfilm The '60s avait bien fait en quatre. Cette expérience un peu frustrante en raison de son côté inégal offre quand même des interprétations intéressantes et de nombreux bons moments (Let it Be chantée par un enfant dans une émeute, le concept entourant Strawberry Fields Forever, Bono chantant I am The Walrus, l’enrôlement militaire pendant I Want You, la finale All You Need Is Love sur le toit.) Certainement pas pour les puristes, ce long vidéoclip, croisement entre Hair et Moulin Rouge!, satisfera probablement les jeunes néophytes ainsi que ceux qui ont besoin de leur dose de Lennon-McCartney, peu importe à quelle sauce on la sert. 7/10

lundi 4 février 2008

ROMAN DE GARE (2007)

Réalisé par Claude Lelouch. Écrit par Claude Lelouch et Pierre Uytterhoeven.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 3 février 2008; format 150 mots)

Une jeune femme se fait larguer par son fiancé dans une station-service et un homme mystérieux la secourt. Laissant le spectateur dans le doute sur sa réelle identité (pédophile échappé de prison? enseignant qui a tout plaqué? esclave littéraire d’une auteure à succès?), on découvrira quel lien les unit à Judith Ralitzer et son dernier livre. Écrit avec son collaborateur de longue date, Pierre Uytterhoeven, le dernier Lelouch peut sembler tortueux au départ avec ce montage qui nous en apprend un peu trop sur le dernier tiers du film, mais l’ensemble se révèle dynamique et original (avec quelques surprises au rendez-vous.) Les acteurs offrent de belles performances avec une Fanny Ardent diabolique, une Audrey Dana intense et Dominique Pinon, réel pivot de cette histoire dont le jeu neutre est idéal pour l’aspect insaisissable du personnage. Quoique ce soit une petite production, il s’agit d’un Lelouch intéressant le ramenant en forme. 7/10

dimanche 3 février 2008

DEATH SENTENCE (2007)

Réalisé par James Wan. Écrit par Ian Jeffers d’après le roman de Brian Garfield.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 2 février 2007; format 150 mots; également disponible sur le site www.bangbangtemort.com)

Basée sur le roman de Brian Garfield faisant suite à Death Wish (adapté en 1974), cette production nous ramène le stéréotype du film d’action depuis les années 1980, c’est-à-dire l’homme qui doit se faire justice lui-même dans le but de protéger et venger sa famille. Comme James Wan nous l’avait prouvé par le passé (Saw), il n’est pas un bon directeur d’acteurs et il est plus occupé à faire des effets inutiles de montage qu’à exposer une réelle émotion. Heureusement, cette fois, il a Kevin Bacon à son bord et celui-ci fait tout ce qu’il peut pour rendre son personnage crédible et livre au passage un monologue touchant, ce qui n’est toutefois pas le cas des membres du gang aux prises avec des personnages plutôt unidimensionnels. Alors que ce sujet a déjà été traité magistralement par Peckinpah, Scorsese ou Cronenberg, Wan n’en fait qu’un bon divertissement de soir de semaine. 6/10

samedi 2 février 2008

HORS DE PRIX (2006)

Réalisé par Pierre Salvadori. Écrit par Benoît Graffin et Pierre Salvadori.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 1er février 2008; format 150 mots; également disponible sur le site www.bngbangtemort.com)

Plus intéressée aux hommes pour leur portefeuille que pour le reste, Irène tombe un jour dans son propre piège en s’amourachant d’un homme, Jean, qui s’avère en fait n’être qu’un simple barman. Malgré que les films récents se basant sur un quiproquo peuvent sembler archaïque, la réalisation de Pierre Salvadori assume ce côté vieillot avec son générique à la Pink Panther et des références musicales ou visuelles correspondant à un clinquant que l’on est plus habitué de voir dans des productions américaines. De plus, il est intéressant de voir Audrey Tautou dans ce rôle de croqueuse d’homme, adorable un instant, détestable l’autre, mais constamment sexy. Pour sa part, Gad Elmaleh, dans un rôle rappelant son précédent (un valet dans le dernier Francis Vebber), attire la sympathie ainsi que la plupart des rires. Ce film nous rappelant que certaines choses, comme l’amour, sont hors de prix est léger, mais plutôt divertissant. 6/10

ENSEMBLE, C'EST TOUT (2007)

Réalisé par Claude Berri. Écrit par Claude Berri d’après le roman d’Anna Gavalda. (Commande du journal Bang Bang; vu le 31 janvier 2008; format 150 mots;publié le 12 mars 2008 dans le Bang Bang Vol. 3 No.3)

Camille Fauque est hébergée par son voisin quand celui-ci découvre les effets néfastes de son habitation sur sa santé fragile. Elle tombera ensuite amoureuse du colocataire de ce dernier, cuisinier s’occupant de sa grand-mère, et découvrira au fils des mois que, peu importent les chemins que la vie pourrait emprunter, l’important est de vivre ensemble, c’est tout. Habitué des adaptations littéraires (Jean de Florette, Manon des sources, Germinal), Claude Berri tombe quand même dans le piège des nombreuses ellipses. Il présente ainsi le déroulement en accéléré en se concentrant sur les péripéties essentielles, ce qui pourrait déconcerter le spectateur qui n’a pas lu le roman d’Anna Gavalda. Par exemple, on aurait pris davantage de scènes avec Laurent Stocker, drôle et touchant en Philibert. Néanmoins, lentement, le charme opère grâce au crescendo émotionnel offert par le tandem Audrey Tautou / Guillaume Canet dans une oeuvre dont le déploiement évite un chemin traditionnel. 6,5/10

mardi 29 janvier 2008

THE DEVIL CAME ON HORSEBACK (2007)

Écrit et réalisé par Ricki Stern et Anne Sundberg.
(Vu le 28 janvier 2008; format 150 mots; publié le 12 mars 2008 dans le Bang Bang Vol. 3 No.3 )

Engagé pour surveiller un cessez-le-feu au Soudan en 2004, Brian Steidle a été témoin d’atrocités au Darfur et en a pris les premières photos troublantes, ayant un accès en tant que militaire là où les journalistes ne pouvaient aller. Devant l’inaction de l’Union africaine, il a rapatrié ses preuves, croyant naïvement que ses images d’une horreur sans nom feraient réagir l’administration américaine. Ce documentaire explique efficacement ce conflit et vaut ainsi le détour si on veut mieux comprendre ce génocide enclenché par le Janjanweed, milice financée secrètement par le gouvernement arabe en place afin d’éliminer la population noire du pays, et l’inaction de l’ONU, causée en partie par la Chine et ses intérêts économiques pétroliers. Le débit du film est plutôt lent et se concentre trop sur un seul homme (blanc), mais ses photos devraient être vues par tous pour que cesse enfin l’inaction de la communauté internationale. 7/10

mercredi 23 janvier 2008

SHOOT 'EM UP (2007)

Écrit et réalisé par Michael Davis.
(Vu le 22 janvier 2008; publié dans le Bang Bang Vol.3 No.4 le 10 avril 2008; format 150 mots)

Après Children of Men, Clive Owen récidive dans un rôle lui confiant la même mission : protéger un bébé important. Oubliez toutefois ce coup-ci la critique sociale et la volonté de faire un grand film : on nage en pleine série-B, laquelle est agréablement assumée. Empruntant son nom à ces jeux vidéos dans lesquels il faut tirer sur tout ce qui bouge, la production offre le même divertissement léger avec une trame sonore dynamique, des répliques stéréotypées tordantes, des situations volontairement incongrues et une hécatombe qui affiche une centaine de morts au compteur. Le scénario prend de nombreux raccourcis, la direction d’acteurs manque de rigueur (Paul Giamatti s’amuse comme un fou en « méchant », mais surjoue) et les effets spéciaux d’une fusillade en parachutes sont nuls au point de presque tout gâcher, mais ceux qui sauront regarder cette œuvre au bon degré, le deuxième, éprouveront probablement beaucoup de plaisir. 6,5/10

jeudi 17 janvier 2008

THE KINGDOM (2007)

Réalisé par Peter Berg. Écrit par Matthew Michael Carnahan.
(Vu le 16 janvier 2008; format 150 mots; également disponible sur le site www.bangbangtemort.com)

Dans le royaume des Saudis en Arabie Saoudite, dernier allié des Américains au Moyen-Orient, des extrémistes punissent ces « infidèles » en tuant une centaines d’Occidentaux travaillant pour une compagnie pétrolière. Un agent du FBI compte parmi les cadavres et quatre de ses confrères, sans l’aval de la Maison Blanche, prennent sur eux-mêmes de trouver les coupables. Débutant avec une approche très documentaire et concluant avec les deux versants de la médaille, Peter Berg prouve qu’il ne veut pas seulement offrir un film d’actions. Le montage, la caméra-épaule, les courts dialogues, les nombreuses fusillades et explosions (dont une atrocement CGI) divertiront le grand public, mais, à l’instar de Blood Diamond et The Last King of Scotland, pourront peut-être également l’instruire. Le personnage de Jamie Foxx personnifie à lui seul l’ingérence américaine, mais, agréablement, l’oeuvre donne un visage et une voix aux personnages arabes, ce qui est rare dans ce genre de production. 7/10

mardi 15 janvier 2008

SUNSHINE (2007)

Réalisé par Danny Boyle. Écrit par Alex Garland.
(Commande du journal Bang Bang; vu le 15 janvier 2008; format 150 mots; publié dans le Bang Bang Vol. 3 No.9 le 4 septembre 2008)

Dans un futur incertain, une équipe d’astronautes ont pour mission de rallumer, à l’aide d’une bombe, le soleil qui est en train de mourir. Plus dans la tradition de 2001 : A Space Odyssey et de Solyaris (sans toutefois avoir des considérations philosophiques de la même envergure) que de Aliens, le dernier Danny Boyle (Transpotting) est une œuvre de science-fiction plutôt satisfaisante. En effet, malgré certaines invraisemblances, des plans de vue extérieurs du vaisseau générés par ordinateur éliminant une partie du sentiment de claustrophobie inhérente à ce type d’histoire et des effets agaçants entourant le capitaine d'Icarus I, espèce de Freddy Kruger spatial, le film intéresse grâce au scénario d’Alex Garland (28 Weeks Later) qui, en en faisant une histoire de sacrifice de soi pour le bien commun et en suggérant l’importance de la science dans le règlement de certains problèmes environnementaux, fait écho à certaines réalités actuelles alarmantes. 7/10